Enfant atypique ou l’éloge de la culpabilité parentale

Quel parent d’enfants différents ou atypiques n’a pas connu l’épreuve de la convocation à l’école. En règle générale assez tôt, déjà à la maternelle on nous dit qu’il y a quelques choses qui ne va pas ? Ah bon mais ça veut dire quoi ? A la maison il est plutôt « normal »….Alors on fait quoi avec tout ça ? On réagit comment ? On en veut tout de suite au système, à la maîtresse, à l’éducation nationale ? Et nous sommes conscients que l’école c’est encore pour pas mal d’années….

Alors on essaie de ne pas se mettre en opposition tout de suite, on écoute, on va voir des spécialistes, enfin on essaie de voir les bons. Et on se retrouve à passer de cabinet de psychologues en cabinet d’orthophonistes et de psychomotriciens. On découvre des spécialités jusqu’alors inconnues mais dont les noms vous permettent de gagner au scrabble : mot compte triple !

Mais trêve de plaisanterie parce qu’en fait on a tout sauf envie de rire. Un monde s’écroule autour de vous lorsqu’on vous annonce que votre enfant a un « trouble » : dys, TDAH, autisme…. D’abord les pleurs et l’angoisse, vient ensuite la colère, “qu’est-ce qu’on a fait au bon dieu ?”….puis le deuil de l’enfant parfait et enfin la résilience. Bon maintenant va falloir l’aider ce pauvre loulou!

Alors on y va, on se met en mode guerrier et on écume les cabinets. On tombe parfois mal. La mauvaise rencontre avec un psychologue « old school » qui ne croit pas du tout à un trouble mais qui creuse parfois un peu trop profondément dans la partie « psy ». Alors oui évidemment il ne faut jamais écarter cette partie, car certains troubles peuvent avoir une origine psychologique. Mais lorsque votre vie de famille est équilibrée et que vous pensez être un parent bienveillant…. Alors c’est quoi le problème ? Il ne lit pas, donc c’est à cause de la mère. Il n’écrit pas parce qu’il veut qu’on s’occupe de lui ? Quelle culpabilité infligée aux parents et encore plus à la mère. On fait ce qu’on peut mais souvent sans avoir de vraies réponses à nos questions. On voit notre enfant aller mal et perdre confiance en lui….on se sent impuissant.

Avec un peu de chance on peut enfin au bout d’un moment d’errance médicale, tomber sur la bonne personne qui va enfin poser le vrai diagnostique. Et là ce n’est pas une victoire mais on a déjà gagné une première bataille. On sait qui il est. Et lui aussi.

On apprend à composer avec la vie de famille car ces enfants prennent du temps. On n’attend plus de reconnaissance ou de soutien de l’entourage, qui a bien souvent déguerpi car c’est bien connu « on ne supporte pas les enfants des autres » alors encore moins les enfants hyperactifs des autres….on n’invite plus à la maison parce qu’on est pas à l’abri d’une crise et quelle honte devant ses « amis » qui pense trop fort « elle ne sait pas gérer ses enfants ».

On lit des articles sur le sujet et on s’inquiète de découvrir les potentiels causes environnementales. Qu’est-ce qu’on a mangé ou respiré pendant la grossesse ou quand il était petit…. ?

Mais à côté de toutes ces difficultés, on les aime de façon inconditionnelle et parfois on les déteste aussi parce qu’ils savent tellement bien nous toucher là où ça fait mal. Mais ce sont les seuls qui sont capables d’aller vous acheter des fleurs pour s’excuser d’être allé trop loin….et on les aime tellement.

On les soutient tant qu’on peut parce que les études c’est pas fait pour eux, c’est toujours plus difficile et que le système classique tolère très mal la différence. Mais pas toujours car on a en tête une super maîtresse sans qui rien n’aurait été possible et que notre enfant a enfin passé une bonne année scolaire. Mais rien n’est stable, tout est remis en jeu pour l’année suivante. Et c’est le casse-tête chaque année pour l’année à venir : aurons-nous encore une AVS ? Est-ce que le professeur comprendra mon enfant ? C’est long les études….. encore plus avec un enfant différent.

Pourtant on leur fait confiance. Ils ont en eux une telle part de génie, un raisonnement hors du commun… au fond de nous, nous sommes sûrs qu’il fera « quelque chose », qu’il nous étonnera. Et d’ailleurs, on aimerait bien être une petite souris qui voyage dans le temps pour voir à l’avance quelle belle vie ils vont faire.

 

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